L’industrie ne voulait pas de moi
À 33 ans, je me suis reconverti dans le développement web.
Sans diplôme, sans passé dans la tech.
Mon parcours s’est construit en trois étapes :
- 6 mois de formation intensive, validée par 13 personnes sur 550,
- 3 ans en autodidacte : apprendre, coder, rater, recommencer, livrer,
- 1 an mentoré par un développeur senior : architecture, rigueur, collaboration.
Au total, des années passées à apprendre et livrer des projets — seul ou en binôme, du front au back.
Le mur des candidatures
Quand j’ai voulu rejoindre le marché français, j’ai envoyé plus de 200 candidatures.
Ciblées, personnalisées, avec un CV retravaillé à chaque fois.
Résultat : zéro appel, zéro entretien, zéro test technique.
J’ai fini par traquer les IP des recruteurs pour vérifier s’ils consultaient mon portfolio.
Conclusion : seuls 2 à 5 % ont cliqué.
Les autres n’ont rien ouvert.
Et même parmi ceux qui regardaient mes projets, rien ne bougeait.
Quand on est autodidacte, on est vite perçu avec suspicion.
On s’attend presque à ce que vous soyez une startup à vous tout seul : tout faire, tout livrer, innover, scaler…
Concevoir et livrer ne suffit pas si la ligne “Bac+5” n’apparaît pas sur le CV.
Le filtre à l’embauche en France
En France, “rentrer dans les cases” pour être embauché signifie souvent :
- Payer cher pour un titre RNCP ou une école privée
- Passer par la fac : quasi gratuite, mais lente et théorique, sans pratique avant l’alternance
- Ou miser sur l’alternance — massivement subventionnée pour les moins de 30 ans
Conséquence logique : les entreprises privilégient ceux qui coûtent moins cher. Après 30 ans, la reconversion par l’alternance est presque fermée.
Même les annonces “sans diplôme” ferment la porte : 3 à 5 ans d’expérience exigés. Cercle fermé : pour avoir de l’expérience, il faut déjà avoir été embauché.
Ailleurs, ça marche autrement
Dans beaucoup de pays, on peut entrer dans le métier via un bootcamp, un projet concret, ou en apprenant sur le tas.
Pas besoin d’avoir coché toutes les cases scolaires au bon moment : si vous prouvez que vous savez faire, vous avez une chance.
En France, c’est l’inverse : le recrutement filtre d’abord sur le diplôme et le parcours académique.
Résultat : la porte est presque fermée à ceux qui arrivent plus tard ou par un chemin atypique.
Pays | % Diplôme / % Talent | % utilisateurs mondiaux apps |
---|---|---|
France | 85 % / 15 % | ~1-2 % (Deezer, Doctolib…) |
Allemagne | 70 % / 30 % | ~3 % (SAP, SoundCloud…) |
Espagne | 80 % / 20 % | <1 % (Glovo, Cabify…) |
Suède | 50 % / 50 % | ~8-10 % (Spotify, Klarna…) |
Pays-Bas | 45 % / 55 % | ~5-7 % (Booking, Adyen…) |
UK / 🇮🇪 | 35 % / 65 % | ~10-15 % (Wise, Revolut…) |
USA | 30 % / 70 % | >70 % (Google, Facebook…) |
Ce n’est pas que les développeurs français sont moins bons — loin de là.
Mais enfermés dans de grandes structures ou des marchés locaux, ils produisent peu d’outils visibles à l’échelle mondiale.
Dans d’autres pays, on mise davantage sur la compétence et la prise d’initiative.
Et ce sont leurs applications que tout le monde utilise aujourd’hui.
Pourquoi c’est une bonne nouvelle pour vous
Selon la taille de votre projet, vous pouvez passer par :
- ESN — 400 à 1000 h minimum, 80 à 150 €/h HT, plusieurs intermédiaires
- Agences — 100 à 300 h, 80 à 120 €/h HT, gestion multi-profils
- Freelances seniors — 100 à 400 h, 400 à 800 €/jour
Moi, je prends les projets courts ou moyens — qu’ils durent 10 heures ou 300 — à 150 à 300 €/jour, sans marge d’intermédiaire et avec un seul interlocuteur : celui qui construit.
Résultat : vous payez moins, vous attendez moins, et vous obtenez un produit qui tourne — rapidement.
En résumé
L’industrie ne voulait pas de moi.
J’ai laissé tomber les recruteurs pour parler directement aux clients.
Ironie : me placer en haut de Google m’a demandé moins d’efforts que décrocher un stage… ou un CDI au SMIC.